
Matthieu Renault,
Frantz Fanon
De l’anticolonialisme à la critique postcoloniale
« Les concepts fanoniens sont des “concepts sales”, ils ne sont pas nés d’un paisible travail dans le calme d’une bibliothèque, mais ont été formés dans l’urgence du conflit et, pour une large part, en situation de guerre. »
Frantz Fanon n’en finit pas de hanter les espaces militants et universitaires. Mais quel Fanon ? Dans les premiers, c’est souvent le révolutionnaire que l’on célèbre, au détriment de l’homme de pensée et de sa riche production. On tend à le renvoyer à un passé révolu et à négliger ses apports théoriques. À l’inverse, si les interprétations postcoloniales anglophones ont mis l’accent sur les apports intellectuels du psychiatre martiniquais, elles ont aussi gommé sa singularité théorique et politique, en éludant les contextes de production matériels de son œuvre.
Dans cette « non-biographie », Matthieu Renault s’applique à dépasser l’opposition entre le militant et le théoricien : il trace une voie nouvelle, qui permet de conjuguer l’anticolonialisme et le postcolonialisme, la guerre et la décolonisation des savoirs. Grâce à cette opération, Fanon cesse d’être un personnage historique, passé ou dépassé, pour devenir notre contemporain.