Haud Guégen,

Herbert Marcuse

Face au néofascisme

« Le véritable problème de la révolution est donc là : opérer ce que Marcuse appelait une “révolution dans la subjectivité” en vue de rompre avec la logique pulsionnelle et normative qui rend le fascisme possible. »

Pour Marcuse, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il est clair que le fascisme n’est pas une réalité du passé. Il est une virtualité constante d’un capitalisme prédateur et autoritaire. Il n’y a donc pas lieu de séparer son travail de redéfinition du sens de la révolution à partir d’Éros et Civilisation de ses analyses du fascisme allemand. Car c’est à partir de son expérience du fascisme, et face à la possibilité de sa résurgence au sein des sociétés de consommation libérales, qu’il a entrepris d’en reprendre à nouveaux frais l’examen en plaçant le curseur sur le terrain même de l’adversaire : celui de la subjectivité et de son économie libidinale.
C’est cette réélaboration des notions de révolution et de sujet révolutionnaire que cet ouvrage explore en montrant comment, de l’irruption des luttes des sixties à la contre-révolution néolibérale des années 1970, c’est chaque fois en rapport aux tendances néofascistes que Marcuse considérait qu’il convenait d’appréhender les possibles révolutionnaires. Face à la montée en puissance d’un néofascisme qui fait de la tronçonneuse son emblème politique, il est plus qu’urgent de redécouvrir les leçons stratégiques de Marcuse.

Charte couverture © Sylvain Lamy - adaptation d'Eva Coly