Roger Ekirch,

La Grande Transformation du sommeil

Comment la révolution industrielle a bouleversé nos nuits

Contrairement à l’opinion courante, le sommeil d’un bloc d’environ huit heures n’a rien de naturel. Cette manière de dormir ne s’est répandue que très récemment, dans le sillage de la révolution industrielle, à la faveur de la généralisation de l’éclairage artificiel dans les villes et de l’imposition d’une nouvelle discipline du travail. Auparavant, le sommeil était habituellement scindé en deux moments, séparés par une période de veille consacrée à diverses activités comme la méditation, les rapports intimes ou encore le soin des bestiaux.

Telle est la thèse révolutionnaire de Roger Ekirch. Son enquête passionnante sur le bouleversement de nos nuits qu’a constitué la disparition, puis l’oubli du sommeil biphasique a doté cet objet d’une historicité qui lui était jusque-là déniée et conduit à l’émergence d’un nouveau champ de recherche, les Sleep Studies. Surtout, cette découverte invite à questionner l’identification de l’insomnie de milieu de nuit à un « trouble du sommeil ». Et à envisager les conséquences d’une transformation qui nous a barré un accès privilégié aux rêves et, par-là, à la conscience de soi.

Traduction : Jérôme Vidal,
Couverture (c) Sylvain Lamy
Prolonger :

« La Grande Transformation du sommeil, de Roger Ekirch : au lit avec nos ancêtres », Audrey Dufour, La Croix, 16 mars 2021.
« Le sommeil reconfiné », Jacques Munier, France Culture, 19 mars 2021.
« Livre du Mois », Nicolas Journet, Sciences Humaines n°335, avril 2021.
« Il était une fois le sommeil à deux temps, ou comment l’industrialisation a changé nos nuits », Olivier Pascal-Moussellard, Télérama, 11 mai 2021.

Préface : Jérôme Vidal,
Postface : Matthew Wolf-Meyer,