Javier Moscoso

Javier Moscoso est directeur de recherches en histoire et philosophie des sciences à l’Institut d’histoire du CSIC (Conseil supérieur de la recherche scientifique, Madrid). Il est l’auteur de nombreux articles et d’un ouvrage sur L’Encyclopédie. Il a été commissaire d’expositions, en Espagne et dans d’autres pays. La plus récente, SKIN, a attiré plus de cent mille personnes à la Wellcome Collection de Londres

Mathieu Potte-Bonneville

Mathieu Potte-Bonneville est philosophe, maître de conférences à l’ENS de Lyon et responsable du pôle « Idées et savoirs » de l’Institut français. Ancien président du Collège International de Philosophie, il a notamment publié Michel Foucault, l’inquiétude de l’histoire (PUF, 2004).

Game of Thrones

Dragons et incestes, nains et prostituées, mouvements de troupes et montée de l’Hiver : créée en 2011 par la chaîne HBO à partir des romans de G.R.R. Martin, Game of Thrones décrit un univers d’intrigues et d’incertitudes. Épopée littéraire devenue succès télévisuel sans précédent, la série teinte son univers médiéval et fantastique d’une cruauté et d’un pessimisme neufs, pour raconter la lutte de grandes familles à la conquête du Trône de fer. Elle réserve de nombreuses surprises concernant à la fois les rapports entre réalisme et imaginaire, écrit et télévision, ou guerre et politique. Cet ouvrage collectif réunit critiques, historiens, philosophes, écrivains français et étrangers pour resituer Game of Thrones dans l’histoire de l’heroic fantasy, genre réputé mineur à la conquête d’une audience de masse, pour décrire sa matérialité visuelle et sonore, pour interroger, à travers les raisons qui font de cette série un événement, la manière dont elle éclaire l’état contemporain du monde et celui de la fiction.

Avec des textes de : William Blanc, Gabriel Bortzmeyer, Yann Boudier, Guillaume Bourgois, Gilles Grand, Jack Halberstam, Émilie Notéris, Mathieu Potte-Bonneville et Eugenio Renzi.

Le nouvel impérialisme

Dans le sillage des guerres d’Afghanistan et d’Irak, David Harvey propose de réactualiser le concept d’impérialisme, pour décrire la généralisation de l’« accumulation par dépossession », soit la privatisation accélérée des biens communs, des savoirs et des services publics sous la houlette du capitalisme financier. L’impérialisme procède de deux logiques qui s’articulent et s’affrontent, l’une économique, l’autre politique. Quel est le rapport entre les dépenses astronomiques du Pentagone et le déclin économique relatif des États-Unis ? Comment l’Amérique compte-t-elle résister à la montée en puissance de l’Asie ? L’occupation de l’Irak marque-t-elle la dernière étape de ce conflit planétaire ? Pour répondre à ces questions, l’auteur combine de façon originale une triple approche théorique, historique et conjoncturelle. Il explique ainsi comment l’impérialisme reconfigure en permanence les liens entre expansion économique et domination territoriale. Il le situe dans la longue durée et le montre à l’œuvre en ce début du XXIe siècle.

Paris, capitale de la modernité

Comment, au milieu du XIXe  siècle, Paris a-t-elle pu devenir l’incarnation urbaine de la modernité ? Pour répondre à cette question, David Harvey a exploré les mutations connues par la ville à cette époque : transformation physique, avec les grands projets d’Haussmann, qui remplace le plan médiéval par les grands boulevards ; transformation économique, avec une nouvelle forme de capitalisme dominée par les puissances financières et industrielles ; transformation culturelle, avec l’irruption de ce qu’on appellera plus tard le modernisme ; transformation sociale, avec l’émergence de violents antagonismes de classes qui atteignent leur paroxysme dans les révolutions de 1848 et de 1871. En présentant la ville moderne comme le produit instable de forces hétérogènes et contradictoires, David Harvey nous offre une image vivante du fonctionnement de Paris ainsi qu’une vision panoramique de la période décisive que fut le Second Empire. Mais cette analyse de la ville moderne est aussi l’occasion d’une réflexion magistrale sur la ville contemporaine – sur la part de la population dans l’urbanisation, sur son accès aux ressources, en somme sur le « droit à la ville ».

La révolution moléculaire

En septembre 1977 sort, aux Éditions Recherches, une première Révolution moléculaire. Suivie, en avril 1980, d’une autre Révolution moléculaire, en version poche, chez 10/18. Un seul titre pour deux livres fort différents l’un de l’autre : recueils d’articles écrits par Félix Guattari entre 1972 et 1980, ces deux versions ne livrent pas les mêmes textes, et, lorsqu’elles le font, elles les modifient tant qu’ils en deviennent presque méconnaissables.
Si cette Révolution moléculaire version 2012 se donne comme ambition de rendre à nouveau disponible l’ensemble des textes qui furent publiés chez ses deux aînées, si elle a le même titre, elle ne constitue pas pour autant une réédition. Car, en les agençant, elle se donne, nécessairement, comme autre et singulière. Comme si, rétive à une seule et unique version, toute révolution moléculaire ne pouvait se donner qu’au pluriel : des révolutions moléculaires, des pratiques plutôt qu’une théorie ; une façon de faire de la politique qui, ainsi que nous le rappelle Félix Guattari, « aura quelque chose à voir avec une perspective révolutionnaire s’il est vrai que les bouleversements sociaux, à l’avenir, deviendront absolument inséparables d’une multitude de révolutions moléculaires au niveau de l’économie du désir. »

Les années d’hiver

Une plongée dans l’hiver mondial des années 1980, avec ses poussées droitières, son triomphe du marché et ses nouveaux esclavages subjectifs. Félix Guattari en pressent avec une puissance inouïe la dimension de mutation historique et de tournant anthropologique. Plus de vingt ans après, les quelque trente textes qui composent cet ouvrage suscitent la stupéfaction : ils traitent de l’actualité, de notre actualité, de ces années d’hiver dont nous sommes loin d’être sortis. On peut donc les lire à la lumière de l’injonction que formulera Gilles Deleuze quelques années plus tard : «  Il n’y a pas lieu de craindre ou d’espérer, mais de chercher de nouvelles armes. » C’est à la constitution d’un tel arsenal politique, théorique, subjectif qu’invite cet ouvrage.

Ugo Palheta

Ugo Palheta est maître de conférences en sociologie à l’Université de Lille, rattaché au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (Cresspa) et associé à l’Institut national d’études démographiques (Ined). Il est codirecteur de la publication de la revue Contretemps et animateur du podcast « Minuit dans le siècle ». Il a notamment publié La Possibilité du fascisme. France : trajectoire du désastre (La Découverte, 2018).

Stratégie et parti

Des années 1960 à sa mort, en 2010, la question stratégique a été au cœur de la réflexion de Daniel  Bensaïd. La brochure Stratégie et parti, publiée en 1986, proposait de faire le bilan d’un siècle d’expériences révolutionnaires, dans une période marquée par un fort recul du mouvement ouvrier, et où la perspective d’une  crise révolutionnaire semblait de plus en plus lointaine. Il s’agit de cerner au plus près les différents moments  et contextes dans lesquels les révolutionnaires ont mis leurs hypothèses à l’épreuve de la réalité, parfois pour  le meilleur et souvent pour le pire… Au cours de cet exposé pédagogique, il présente un marxisme vivant,  nourri des luttes sociales et politiques réelles. À l’heure où l’on voit réapparaître à gauche des débats sur la démocratie (représentative ou directe ?), l’organisation (la forme parti est-elle dépassée ?) et le pouvoir politique (faut-il construire une alternative  en marge de l’État ou bien aspirer à conquérir l’appareil d’État ?), il nous semblait nécessaire de rendre à  nouveau disponible ce petit ouvrage. Ugo Palheta et Julien Salingue ont rédigé pour cette occasion un long  texte introductif, qui revient sur la place de la stratégie dans la pensée de Bensaïd et esquisse des pistes pour  la gauche radicale contemporaine.

Le Capital fictif

La crise de 2007-2008 et la longue récession dans laquelle l’économie mondiale est engluée depuis ont brutalement exposé le coût économique et social exorbitant de la financiarisation. Pourtant, rien n’indique que nos sociétés soient en train de s’émanciper de l’emprise de la finance. Il y a là une résilience qui doit être expliquée : la financiarisation n’est pas un épiphénomène, elle touche au cœur de l’organisation du capitalisme contemporain. L’hypothèse qui sous-tend cet ouvrage est qu’elle constitue le produit de contradictions économiques, sociales et politiques qui restent irrésolues. Comme l’écrit joliment Fernand Braudel, la financiarisation, « c’est le signe de l’automne ». L’auteur examine les principales explications dont la financiarisation a fait l’objet : s’agit-il d’une déviation perverse par rapport à une dynamique capitaliste brimée et déstabilisée par des politiques réglementaires, budgétaires et monétaires inappropriées ? Ou doit-on la considérer comme une traduction pathologique de dysfonctions systémiques ? Le propos est pessimiste. Si la financiarisation est le signe de l’automne, elle est déjà lourde des frimas de l’hiver. La sophistication financière a permis un temps de masquer la déconnexion croissante entre l’épuisement de la dynamique productive, les exigences du capital et les aspirations des populations mais la crise de 2007-2008 a fait tomber le voile, mettant à nu la grande régression dans laquelle nous sommes engagés. Pour interrompre la transition en cours vers un postcapitalisme prédateur, le pouvoir de la finance doit être brisé.

Chris Fujiwara

Directeur artistique du Festival international du film d’Edimbourg, Chris Fujiwara est l’un des critiques les plus renommés au monde. Il est notamment l’auteur chez Capricci d’un ouvrage consacré consacré à la vie et à l’oeuvre d’Otto Preminger et de George Cukor. On/Off Hollywood, ainsi que de The Word and its Double : The Life and Work of Otto Preminger (Faber & Faber). Il a enseigné et donné des conférences sur le cinéma à l’université de Tokyo et de Yale.

Jerry Lewis

Jerry Lewis a eu 90 ans en 2016. Bien que la France – on nous l’a assez reproché – soit sans doute le pays à l’avoir le plus défendu, cela fait plus de trente ans que n’a paru aucun ouvrage en français consacré à son travail. Le souvenir de la grandeur de Lewis semble donc s’éloigner à mesure que l’homme vieillit. Et pourtant Jerry Lewis fut grand, en effet. Il le fut aux côtés de Dean Martin dans une longue série de films tournés à la fin des années 1940 et au cours des années 1950, dont les meilleurs furent réalisés par Frank Tashlin. Et il le fut plus encore lorsqu’ayant terminé son apprentissage, il passa à la réalisation à la fin des années 1950. Les films qu’il signa alors peuvent être appelés des chefs-d’œuvre : The Errand Boy, The Bell Boy, The Nutty Professor, The Ladies Man, The Patsy, The Family Jewels, Three on a Couch… firent de lui le plus grand cinéaste comique des années 1960. C’est principalement à cette période que s’intéresse le critique américain Chris Fujiwara.
Chris Fujiwara propose une lecture extrêmement précise et stimulante des films de Jerry Lewis. Loin de l’image collant encore à la peau de Lewis – celle d’un ahuri plus ou moins drôle –, il invite à découvrir et à admirer un artiste à part entière, inventeur de formes et grand coloriste, épris des possibles du cinéma d’une manière qui évoque Jean-Luc Godard, par ailleurs admirateur fervent.

L’ouvrage est complété par un long et passionnant entretien entre Fujiwara et Jerry Lewis.

Mathieu Capel

Mathieu Capel est docteur en études cinématographiques, maître de conférences en LEA à l’Université Grenoble Alpes. Il est actuellement chercheur pensionnaire à la Maison franco-japonaise de Tokyo. Également auteur de sous-titrages pour le cinéma et le théâtre, sa traduction d’Odyssée mexicaine (éditions Capricci) du cinéaste Yoshida Kijû a reçu le prix Konishi 2014 pour la traduction franco-japonaise.