Grégory Salle,

Superyachts

Luxe, calme et écocide

Un superyacht, c’est une embarcation dépassant 24, voire désormais 30 mètres, sous l’effet d’une course à l’allongement. Au début du siècle, on comptait environ 2 000 vaisseaux de ce type dans le monde ; deux décennies et une crise financière plus tard, ils sont trois fois plus nombreux. Loin d’être anecdotique, la plaisance de luxe met en évidence la sécession sociale et le gâchis environnemental des plus riches. Simple lubie de milliardaires au mode de vie extravagant ? Plutôt un reflet du monde comme il va. Non pas démesure, mais mesure – celle du délire général qui a pour nom « ordre social ». Forme contemporaine de la réclusion ostentatoire, miroir grossissant des inégalités, le superyacht nous conduit tout droit aux grandes questions de notre temps, y compris celle de la reconnaissance juridique de l’écocide. De la lutte des classes à la sur-consommation des riches, de l’évasion fiscale à la délinquance environnementale, de l’éco-blanchiment à la gestion différentielle des illégalismes : tirer le fil du superyachting, c’est dévider toute la pelote du capitalisme.

couverture (c) Sylvain Lamy
Prolonger :

«Ecocide, séparatisme... Les super-yachts, ce miroir grossissant du capitalisme», Sébastien Billard, L'Obs, 17 mai 2021.
«Superyachts : super catastrophe ?», Superfail par Guillaume Erner, France Culture, 2 mai 2021.
«A bord des superyachts, un séparatisme de grand luxe», Joseph Confavreux, Mediapart, 1er mai 2021.