Sadri Khiari

Sadri Khiari est un membre fondateur du Parti des indigènes de la république. Il est l’auteur de Tunisie. Coercition, consentement, résistance. Le délitement de la cité (Karthala, 2003), Pour une politique de la racaille (Textuel, 2006), La Contre-révolution coloniale en France. De de Gaulle à Sarkozy (La Fabrique, 2009), Sainte Caroline contre Tariq Ramadan (La Revanche, 2011).

Malcolm X

Si le parcours personnel de Malcolm X rencontre un écho profond parmi ceux qui, en France comme aux États-Unis, se vivent comme des « colonisés de l’intérieur », c’est qu’ils y trouvent, en même temps qu’un modèle pour leurs luttes, l’expression d’une oppression raciale partagée et d’une même exigence de dignité.

Au-delà de l’aspect biographique, on oublie trop souvent l’effort permanent de Malcolm X pour développer une stratégie politique qui puisse encadrer les résistances, dans une perspective de libération. C’est à ce travail d’élaboration stratégique, ancré dans une longue pratique de résistance et dans sa propre condition de Noir dans une Amérique ségrégationniste, que cet essai se veut une introduction.

Convaincu que le cheminement politique de Malcolm X est riche d’enseignements pour les populations qui subissent le racisme, Sadri Khiari, à partir des enjeux spécifiques au champ politique hexagonal, ouvre à une réappropriation critique de la pensée de Malcolm X.

Division Street

Chicago, 1965. Le souvenir de la Grande Dépression et de la seconde guerre mondiale n’est pas loin. Celui de la crise de Cuba encore moins. Le Vietnam est un désastre. Le mouvement pour les droits civiques obtient ses plus grandes victoires au prix de luttes acharnées. Chicago, ville gangrénée par la corruption, la mafia et les inégalités sociales, est bouleversée par les plus grands réaménagements urbains de son histoire. Ceci n’est pas un polar, mais le premier livre d’entretiens de Studs Terkel. Armé de son enregistreur, le journaliste capte la parole de la piétaille au gré de ses rencontres et de ses errances dans les bars, les rues et les taxis, de part et d’autre de Division Street, artère de Chicago qui symbolise pour lui les divisions politiques, sociales et culturelles de l’Amérique. Il prend ainsi la température de sa ville, et nous offre un instantané saisissant des années 1960 aux États-Unis. Vietnam, communisme, bombe atomique, racisme, pauvreté, transformation du travail par l’automatisation, syndicats corrompus, spéculation immobilière et expropriations, déliquescence du lien social : c’est une Amérique rongée par le doute, la peur et l’impuissance que nous donne à voir ici Terkel. Doute, peur et impuissance parfois suspendus, toutefois, par le constat de la puissance politique des citoyens rassemblés pour exiger leurs droits ou simplement une vie décente. L’impression de fin du monde imminente, d’une société au bord du gouffre, qui domine ces quelques soixante-dix entretiens, préfigure paradoxalement les transformations profondes que connaîtront bientôt les sociétés occidentales au cours des années 1968.

Le Populisme autoritaire

« Si la gauche ne parvient pas à comprendre le thatchérisme – ce qu’il est, pourquoi il a surgi, quelle est sa spécificité historique, quelles sont les raisons permettant d’expliquer qu’il soit en mesure de redéfinir l’espace politique et de désorganiser la gauche –, alors celle-ci ne pourra pas se renouveler parce qu’elle sera incapable de comprendre le monde dans lequel elle doit vivre, ou qu’elle « disparaîtra » dans une marginalité définitive. »
— Stuart Hall

Stuart Hall

Stuart Hall a été directeur du Centre for Contemporary Cultural Studies de Birmingham à la fin des années 1960, puis professeur à l’Open University de Londres. En français, sont parus : Le Populisme autoritaire. Puissance de la droite et impuissance de la gauche au temps du thatchérisme et du blairisme (Éditions Amsterdam, 2008) et une anthologie en deux volumes, Identités et cultures (Éditions Amsterdam, 2007 et 2013).

Slavoj Žižek

Slavoj Žižek est responsable de recherche à l’Institut d’Études Sociales de Ljubljana. Il a déjà publié en français : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Lacan sans jamais oser le demander à Hitchcock (Paris, Navarin, 1988) ; Ils ne savent pas ce qu’ils font. Le sinthome idéologique (Paris, Point Hors Ligne, 1990) ; Un essai sur Schelling : le reste qui n’éclôt jamais (Paris, L’Harmattan, 1996) ; Le spectre rôde toujours. Actualité du Manifeste du parti communiste (Paris, Nautilus, 2002). Son œuvre, comme celles d’Alain Badiou, Étienne Balibar, Judith Butler, Ernesto Laclau, Antonio Negri ou Jacques Rancière, se situe au cœur des débats qui, après l’effondrement du paradigme marxiste-léniniste et à l’heure de la mondialisation libérale, cherchent à redéfinir les termes d’une politique démocratique radicale.

Lacrimae Rerum

Slavoj Žižek est tout autant philosophe que cinéphile, et Lacrimae rerum en est certainement la preuve. À travers les œuvres de quatre réalisateurs majeurs, Krzysztof Kieslowski, Alfred Hitchcock, Andreï Tarkovski et David Lynch, c’est tout le cinéma contemporain qui est passé au crible de ses analyses percutantes. Son usage de Lacan ouvre des perspectives nouvelles et productives dans l’analyse cinématographique, qui sont aussi l’occasion d’aborder les questions de l’éthique politique, de la subjectivité, de l’altérité, des droits humains, du postmodernisme ou encore du pluralisme culturel.

Maxime Cervulle

Maxime Cervulle est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis. Il est co-directeur du Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation (CEMTI). Il est le coauteur de Homo exoticus. Race, classe et critique queer (Armand Colin–Ina, 2010) et de Cultural Studies. Théories et méthodes (Armand Colin, 2018).

La Réification du désir

Dans La Réification du désir, Kevin Floyd se propose d’enfin réconcilier marxisme et théorie queer. Faisant dialoguer Butler et Foucault avec Lukács et Marx, il invite les apports critiques de la théorie queer dans un champ marxien qui a souvent mis de côté les questions – « culturelles » – de sexualité et de genre, et, dans le même mouvement, tente de « matérialiser » des Queer studies qui semblent parfois opérer hors de toute détermination historique. Des textes de Herbert Marcuse à ceux de Fredric Jameson en passant par le film Midnight Cow-boy ou les mémoires de David Wojnarowicz, rédigés au moment de l’apparition du sida et de l’émergence du néolibéralisme, Kevin Floyd croise les références pour montrer que pour faire l’histoire du capitalisme et de l’industrialisation, on ne peut faire l’économie de l’histoire des sexualités et des rapports de genre – et inversement.

Nature et politique

L’enjeu de l’écologie n’est plus simplement d’actualité, il est urgent. Le climat change, les ressources s’épuisent, et plus le temps passe plus les sombres prédictions faites par le Club de Rome dans les années 1970 se vérifient. En conséquence, la question rencontre de plus en plus d’intérêt. Les thèses sont nombreuses, et à les lire, on ne peut se départir d’une impression de flou, voire d’éparpillement ou de contradiction.

L’écologie politique est-elle progressiste  ? Est-elle réactionnaire  ? Est-elle libertaire ou autoritaire  ? S’agit-il d’une nouvelle religion  ? S’agit-il du nouveau conflit central  ? En partant des questions clé qui ont orienté les débats autour de l’écologisme depuis son apparition dans les années 1960, Fabrice Flipo organise la discussion et relie les fils épars de l’analyse empirique et théorique.

Il nous montre que l’écologie politique se définit non par la protection de l’environnement mais par une remise en cause de l’universalité du mode de vie moderne. L’écologisme est ainsi un mouvement d’emblée global, qui renverse les cadres établis de la politique.

Steve Biko

Steve Biko fut le fondateur du mouvement de la Conscience Noire en Afrique du Sud. Né en 1946 à Tylden, dans la province du Cap Oriental, il mourut entre les mains de la police en 1977. Étudiant en médecine à l’université du Natal pendant une courte période, il créa en 1968 l’Organisation des étudiants sud-africains, une organisation exclusivement noire dont il fut élu président. La diffusion de l’idéologie de la Conscience noire dans la société amena Biko à former, en 1971, la Convention du peuple noir et les Programmes communautaires noirs. Dès 1973, Biko fut l’objet d’une répression gouvernementale : placé en résidence surveillée, on lui interdit de parler en public et il devient illégal de citer de ses discours comme ses écrits. En 1976, les soulèvements de Soweto et de nombreux autres townships révélèrent l’influence grandissante du mouvement de la Conscience noire. Le 12 août 1977, il est arrêté par la police. Torturé lors de son interrogatoire, il décède le 12 septembre. Son assassinat a provoqué un scandale international qui a entraîné le renforcement de l’embargo sur les armes à l’encontre de l’Afrique du Sud.

Conscience Noire

Le 12 septembre 1977, Steve Biko est assassiné par la police sud-africaine. Ce recueil d’articles écrits entre 1969 et 1977, dont certains clandestinement, témoigne des conditions de vie et des mouvements de résistance en Afrique du Sud pendant l’apartheid, tout en proposant une analyse fine des mécanismes d’oppression mis en place par le régime minoritaire blanc.

Au fil de ces textes, on voit apparaître non seulement les contours d’une philosophie émancipatrice qui vient s’ajouter à celles d’auteurs comme Frantz Fanon, Aimé Césaire ou Amilcar Cabral, mais également une histoire de l’Afrique du Sud distincte de celle qu’imposera le nouveau gouvernement sud-africain de l’ANC.

Steve Biko n’avait encore jamais été traduit en français. Sa pensée a pourtant permis la création du Mouvement de la Conscience Noire, qui est devenu au cours des années 1980 l’une des plus importantes forces politiques d’opposition à l’apartheid. Ce livre n’est pas un simple hommage à l’histoire de ce mouvement et aux luttes que Steve Biko a menées, c’est aussi une première porte d’entrée vers une autre histoire, plurielle, de l’apartheid.

Matthieu Renault

Matthieu Renault est maître de conférences en philosophie à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Ses recherches portent sur les rapports de la philosophie aux mondes extra-européens, l’histoire (post)impériale des savoirs et de leurs réappropriations minoritaires (classe/genre/race).

L’Amérique de John Locke

Farouche adversaire de l’absolutisme, défenseur de la tolérance religieuse, père fondateur du libéralisme, John Locke (1632-1704) est une figure canonique de l’histoire de la pensée politique européenne. Il a forgé son œuvre au cœur même des batailles politiques qui agitaient l’Angleterre de la fin du XVIIe siècle et qui menèrent à la Glorieuse Révolution de 1688.

Ce que l’on sait moins, c’est que Locke a également eu une très riche carrière coloniale au service de l’expansion anglaise en Amérique. Sa philosophie constitue le moment inaugural d’une histoire au cours de laquelle allaient être inextricablement noués libéralisme et colonialisme, construction étatique et formation impériale. Elle révèle également les relations intimes qui ont uni épistémologie et politique depuis la découverte du Nouveau Monde. L’Amérique de John Locke entend mettre en évidence l’émergence d’une géopolitique de la connaissance avec laquelle nous sommes encore loin d’avoir fini.

Abdellali Hajjat

Abdellali Hajjat est sociologue à l’Université libre de Bruxelles et membre du Groupe de recherche sur les relations ethniques, les migrations et l’égalité. Il a notamment publié La Marche pour l’égalité et contre le racisme (Amsterdam, 2013) et co-écrit Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman » (La Découverte, 2022 [2013]).